Les tapis du moyen Atlas

Avant d’aborder les conditions matérielles dans lesquelles s’effectuent la production des tapis et Hanbals ou kilims, à savoir les outils de production, les matières utilisées ainsi que les lieux de travail, nous allons tout d’abord citer les principales localités où l ‘on rencontre une concentration importante d’artisans en la matière, et ensuite, nous abordons les conditions sur l’économie qui caractérisent leur production. 

Les principales localités où l’on constate une concentration importante d’artisans à travers les 3 provinces, à savoir celle de Meknès, Ifrane et khénifra sont ci-dessous citées par ordre d’importance :

 La province d’Ifrane

Avec notamment la localité de Timahdit et de sa région, on recense environ 700 tisseuses qui s’adonnent plutôt au tissage des Hanbals. Il s’agit de femmes qui pratiquent partiellement ou totalement cette activité. Les hommes, avec l’aide des autres membres de la famille, y compris les femmes, ayant pour activité principale l’agriculture et l’élevage 

Les Hanbels servent surtout à orner les tentes en guise de bas de tente lors des fêtes. De même qu’ils servent à couvrir le matelas et à revêtir le sol dans les demeures de notables locaux notamment.

 La production révèle un caractère principalement individuel. Les quelques cas où celles-ci revêtent un caractère collectif. Dans le cadre de coopératives où les ateliers restent insignifiants eu raison de la production globale, les tisseuses de milieux modestes, en majorité, veuves ou divorcées vivent presque exclusivement de leur travail de tissage. Mais faute de moyens suffisants, elles, n’arrivent pas à se constituer un stock de leurs produits. Ainsi, dès la fin de l’ouvrage, elles écoulent leur production au souk avoisinant ou la vente s’effectue par l’étalage des produits. Par contre, les tisseuses issues de milieux aisés, utilisent leur production comme moyen à la fois de prestige et d’épargne.

Quant à la ville d’Azrou, qui a connu un grand exode rural de plusieurs agriculteurs venus s’installer en tant que petits commerçants ou à la recherche d’un emploi salarié, la production en matière de tissage à titre individuel, reste insignifiante.

 C’est ainsi que la majorité des tisserandes travaille dans le cadre de la coopérative qui est sous tutelle du ministère de l’artisanat et des affaires sociales. Cette dernière sert également de centre d’apprentissage dans la mesure où de jeunes filles, accompagnant leur mère ou une proche parenté, viennent s’initier aux techniques de tissage. Les produits de cette coopérative sont faits soit sur commande et destinés au marché national ou étranger, soient exposés au stand de cette même coopérative en vue de les commercialiser sur place. Cette production est constituée principalement de tapis dit actuellement Moyen-Atlas ou de tapis “Rabat” ou “genre Rabat”. Ceci étant, la conséquence du relâchement des traditions engendrées d’abord par un déracinement socioculturel des tisseuses et aussi par des contraintes d’ordre économique qui se traduisent inéluctablement par une reproduction de modèle préétabli plutôt que par la confection d’ouvrages pertinents de la créativité spontanée des tisseuses qui puisaient autrefois dans le répertoire culturel des collectivités où elles vivaient. Il en est de même pour la coopérative de AIN LEUH, qui sous-traite pour le compte de celle d’Azrou quand elle ne répond pas, elle-même a des commandes passées par des particuliers de la région. 

Cependant, la ville d’Azrou reste le principal Pôle d’écoulement des usages de toute la région, en effet, les bazaristes des provinces de khénifra de Fès et de Marrakech sont venus s’approvisionner tous les mardis. 

La province de khénifra. 

Après la province d’Ifrane, vient celle de khénifra avec notamment M’rirt et sa région où l’on rencontre une assez grande concentration de tisseuses individuelles. Ce mode de production est tellement ancré dans la vie des habitants de cette région que toutes les tentatives de création de coopératives ou d’ateliers de tissage en jusqu’à présent, ont échoué.

 

 La production est essentiellement constituée par les hanbels et un genre de tapis d’inspiration citadine TAZRBITE. Le mode de vie des tisseuses ressemble d’ailleurs à celui déjà décrit en ce qui concerne la région de TIMEHDIT où l’activité principale reste l’élevage et l’agriculture. Cependant, il faut noter que dans la province de Khénifra, et déjà dans la région limitrophe de Ain louh, les hommes, se donnent également à l’activité du tissage et principalement celle concernant le tapis. Les hommes ayant plus facilement accès à l’instruction, arrivent à confectionner les tapis d’inspiration citadine TAZERBITE, autrement appelés M’Rabtis ou Yakoubis, qui acquièrent des notions élémentaires de calcul. Ils sont ainsi traduits comme des maîtres artisans.”dans la mesure où la conception et la répartition du décor leur incombent au moment où les femmes sont cantonnées dans un rôle d’auxiliaire. généralement, les maâlems travaillent pour le compte de particulier ou de commerçants de tapis. En plus de la nourriture et du gîte offerts par le demandeur, le maâlem perçoit un salaire au prorata des mètres exécutés. Quant aux auxiliaires, elles perçoivent un salaire journalier. 

En ce qui concerne le tapis dit ACHDIF, il est produit encore à la fois par des hommes et des femmes dans les régions montagneuses, telles que le LaKbab et Krouchen.

 Quant à Khénifra, on peut la comparer à la ville d’Azrou dans la mesure où l’activité du tissage devient de plus en plus marginalisée. Pour les mêmes raisons connues. En dehors d’une coopérative comptant, un nombre restreint de tisseuses, des tisseuses individuelles travaille pour le compte d’un exportateur particulier. Ce particulier fournit les teintures ainsi que les modèles à fabriquer aux tisseuses qui se chargent de leur production à domicile. Quant au salaire, il est en fonction du métrage et de la nature de la pièce à exécuter. Les jeunes tisseuses de khénifra et les régions s’orientent de plus en plus vers la confection de couvre-lit “handira” qui sont très prisés par les habitants des grandes villes du Maroc.

 

À l’instar d’Azrou, Khénifra est le principal marché de tapis et Hanbels de la province.

La province de Meknès.

La grande concentration des tisseuses se rencontre notamment à Elhajeb et ses régions. Le mode de production révêt plutôt un caractère individuel, comme C’est d’ailleurs le cas pour la grande majorité des tisseuses de la région. Le mode de vie de ces derniers s’apparente à celui déjà décrit pour Khénifra. L’élevage et l’agriculture étant toujours les activités retenues autour d’organiser la vie des gens. Cependant, l’agglomération d’Elhajeb regroupe des tisseuses, qui, en dehors des tâches ménagères, s’adonnent uniquement au tissage. Il constitue ainsi leur seule source de revenus.La production se distingue par son caractère hétéroclite “Ce caractère s’explique par la position des populations de cette région qui se trouve à un carrefour, à la limite des provinces d’Ifrane Khénifra et Khémisset.  La production est vendue localement sur le marché d ‘El hajeb par l’étalage du produit.

 

 

Les outils de production

 Si l’utilisation des métiers métalliques a été généralisée dans les ateliers pertinents des coopératives ou sous la tutelle du ministère de l’Artisanat et des affaires sociales, la totalité des tisserandes individuelles se reconnaît à utiliser le métier en bois. Ce dernier est vertical et à double ensouple. Il est certes facilement maniable et d’un coup moindre que le métier métallique ne présente pas les garanties requises pour l’obtention d’un produit de qualité irréprochable (régularité des chefs, non gondolement, proportionnalité dans la répartition de l’espace).

Les seuls accessoires les seuls accessoires du métier, sont en bois. Le peigne, qui est de 2 sortes, l’un à dans l’angle et l’espace et l’autre à dent courte et rapprochée.

Le Tendeur, qui est soit à pince soit à aiguille, qu’on repose au montant par un cordelait.

En dehors des lieux où l’usage du métier métallique est utilisé de kilo et le tendeur de largeur sont tout simplement méconnus.

Les lieux de production

 Eu raison de l’exiguïté en général des habitations, le métier n’a pas en principe un lieu approprié. Il est normalement monté dans un lieu où l’on dort et on mange de préférence près d’une source de lumière naturelle, à la tombée de nuit. Le métier attisé est ramené par le bas contre le mur. Il prend ainsi une position inclinée, ce qui permet de libérer l’espace pour les besoins du couchage. Et dès la fin de l’ouvrage, le métier est démonté afin d’éviter l’encombrement des habitations.

 Les matières premières.

Les matières premières entrantes dans la confection des tapis et hanbels sont par ordre d’importance :

La laine, le coton, la soie artificielle et enfin la soie naturelle.

La laine est soit filée main, soit filée dans les filatures (les filatures d’azrou par exemple). Une fois la laine filée, les tisseuses procèdent à sa teinture à base d’aniline. Achetées sur le marché. Ces anilines sont renforcées d’ingrédients, Alain, tartre et cetera, pour obtenir des résultats assez solides. Le procédé reste cependant très artisanal. Une marmite simple. Son couvercle le plus souvent et un bâtonnet sans les seuls outils de peinture, certains nuages, certaines nuances. Reste toutefois inaccessible, le bleu, notamment. La laine filée désignée, est alors à des teinturiers spécialisés.

La coopérative d’Azrou comporte un service de peinture, de même que les teinturiers ambulants se déplacent dans les sources, proposent leurs services aux tisseuses. La soie artificielle est achetée teinte sous forme de pelotes dans une grande variété de couleurs.

la composition des tapis Moyen Atlas diffère selon si c’est un tapis ancien ou récent. En effet, la composition des anciens se présente sous forme d’un ensemble d’éléments ornementaux se répétant en nappes non recommandées, identiques à eux-mêmes avec de légères variantes dans la largeur et la longueur du tapis. La ligne d’arrêt sur les lisières et vers les chefs est alors à peine qualifiée.

Dans les compositions plus récentes, les artisans essaient d’arrêter cet aspect indéfini par le moyen de la confection de chef à poils ras, uni ou rayé intérieurement bordé d’un listel de points noué.

Les éléments de décors

A l’image des motifs et de la composition, les couleurs subissent aussi à leur tour des changements dûs aux transformations des conditions de vie des artisans. Ainsi, les Ait Ighezrane, se distinguent par leurs tapis à dominante blanche et noire ; les Ait Youssi ajoutent aux laines blanches et noires des teintes rouges et jaunes; quant aux Zayanes sur la haute laine de leurs tapis, s’affirme une dominante plus sombre, quelque fois rouge chaudron et plus souvent lie de vin. Les Zayanes enrichissent parfois leurs coloris du bleu et du vert.

Enfin les Béni Mguild utilisent une ornementation semblable à celles des Zayanes, mais avec plus de chaleur, car le bleu et le vert tiennent moins de place dans leurs tapis.

Ainsi, nous distinguons dans le Moyen Atlas deux types de tapis :

LES ACHDIFS

L’élément géométrique constitue la base du décor. On y trouve ainsi des croix sous différentes formes, des triangles et des losanges ainsi que des étoiles.

Les couleurs sont à dominante rouge d’un ton pastel. Ce dernier est associé à d’autres coloris tels que le noir, le beige, le vert, l’orangé et le blanc.

Les HANBELS

 L’élément géométrique à caractère local, à base de ligne brisée, losange et triangle, forme la totalité du décor rencontré dans cette variante.

Les bandes transversales se trouvent ornées de motifs géométriques symétriques par rapport au centre. Ce qui confère au Hanbel une harmonie et une continuité dans le décor.

 

 

 

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