Les deux matières essentielles à la fabrication des tapis sont le coton et la laine.
Le coton sert à fabriquer la trame et la chaîne pour le tapis Moyen Atlas. Il est à noter qu’un 1m² nécessite 1,5kg de coton. Cette matière est achetée directement des sociétés de filature.
La laine sert principalement à fabriquer la trame (voir trame) pour le tapis R’bati et du Haut atlas qu’on use pour tisser le tapis et lui donner du velours. Il est à signaler qu’un 1 m² de trame nécessite 2 kg de laine.

Une fois la laine soigneusement sélectionnée, elle est cardée à la main. Le cardage est le processus qui démêle, nettoie et lie les fibres pour produire un fil continu avec des variations de couleurs naturelles. Ce procédé permet de supprimer les nœuds existants dans les fibres de laine et d’aligner les fibres parallèles les unes aux autres. Cette étape est réalisée en brossant les fibres entre deux palettes rectangulaires recouvertes de petits clous. Cette étape manuelle permet un rendu de la laine d’une finesse incomparable.
Dans les montagnes, la filature se fait à la main .Après le cardage, la laine est filée. Le cardage simplifie le filage à la main. L’irrégularité naturelle de l’épaisseur de la laine filée à la main rend unique chaque tapis qui lorsqu’ils sont plongés dans la teinture absorbant moins la couleur où le fil est étroit et davantage où le fil est plus grand. Sans le vouloir, les fileurs créent ainsi des fils qui une fois teintés n’ont jamais une couleur uniforme. C’est ce qui explique la beauté des tapis marocains. Le filage à la main permet la sélection des meilleures fibres lors de cette étape.

Aujourd’hui, en ville et en quelques régions par contre, l’approvisionnement en laine filée se fait en général de deux manières :
- Soit acheter de la laine bourre des ramasseurs de laine ou des agriculteurs éleveurs pour la sous-traiter chez des entités de filature
- Soit l’acheter directement de chez des entreprises de filatures étrangères ou locales
Une fois filés et cardés à la main, les fils sont teints, en attachant les fils à une roue qui passe dans une grande marmitte remplie d’un mélange d’eau en ébullition, de colorant, et de liant.

Dernièrement, et en réponse à la découverte de produits chimiques dans les teintures et les matériaux utilisés par les artisans au Maroc il y a plusieurs années, la coopérative Anou par exemple a lancé une initiative d’essai appelée Atlas Wool Supply Co. Son objectif était de fournir aux artisans et à la communauté artisanale au Maroc une laine, des teintures et d’autres matériaux de haute qualité sans danger pour les artisans, leur environnement et leurs clients. Cette coopérative a expédié des dizaines de milliers de kilogrammes de laine et de matériaux à des artisans à travers le Maroc.Elle a développé une expertise approfondie de la laine, des teintures et de leur impact sur l’environnement grâce à des années d’apprentissage par des erreurs, des leçons difficiles et des essais. La coopérative a hébergé dans les montagnes du Haut Atlas la construction de la seule filature intégrée de laine et de fil au Maroc qui devient négative en carbone.

Situé à Ait Bouguemez, le futur moulin n’est pas seulement le premier du genre en Afrique, c’est aussi le premier projet économique important dans la région. Ceci est important car Ait Bouguemez appartient à une région généralement oubliée dans les initiatives de développement économique, où les opportunités d’emploi sont limitées et fortement dépendantes du tourisme. En parallèle, la coopérative a intégré un studio de teinture neutre en carbone, ainsi qu’un magasin de fil phare dans la vieille ville de Fès.