En complément des idées esthétiques véhiculées par les hommes, les tisseuses cherchent de nouvelles sources d’inspiration dans leur univers proche et lointain (échange avec les membres féminins de leur réseau familial dans d’autres villages ou régions, motifs vus à la télévision). Par un travail de reproduction transformative qui renouvelle leur patrimoine, elles se réapproprient les informations transmises par les hommes (elles-mêmes des interprétations sous forme de descriptions orales ou picturales) en fonction de leurs propres compétences techniques et capacités créatives. C’est justement cette césure dans la circulation de l’information entre les tisseuses et leurs clients convaincus qui, en leur donnant une grande marge de liberté, contribuent à leur créativité.
Si les femmes tisseuses sont à l’origine de la création des tapis ruraux qui ne sont jamais reproduites à l’identique, les tapis citadins R’bati et de médiouna ne peuvent être fabriqués qu’à partir d’un design. Le design du tapis citadin s’est inspiré comme précédemment mentionné des tapis persans et turques. Cependant les designers marocains l’ont adapté et marocanisé en utilisant des couleurs harmonieuses et des designs uniques.
Les plans sont élaborés selon les dimensions du tapis et du type du tapis citadin ou rural. Pour le tapis de rabat par exemple dont le cirage est de 30 sur 30 nœuds, ces derniers seront reproduits sur un calque de papier millimétré en 30 points. Ainsi, ces 30 points de largeur par exemple seront reproduits sur 10 cm de largeur pareillement pour la longueur. La tisseuse transforme chaque point en nœud et ainsi de suite allant de l’extrémité d’en bas du plan donnant lieu à la (tkhtita) sur le tapis jusqu’en haut du plan où le tapis est finalisé. Une étape appelée la (tgrija ).