
On n’a pas encore de très grande précision sur les lieux de fabrication des tapis dans le Haut-Atlas. Tout ce que l’on sait c’est que de part et d’autre de ce haut massif aussi bien au Sud qu’au Nord c’est à dire dans le SOUSS et le HAOUZ de Marrakech, on trouve toute une famille de tapis aux caractères généraux nettement définis dont l’origine est attribuée par les uns au SEKTANA, par les autres aux AIT OUAOUZGUID (TIDILI, TAZNAGHT, AZILAL) tribus qui vivaient sur des territoires encore fermés aux Européens. Comme ces territoires étaient placés sous le commandement du pacha El glaoui, les marchands des souks ont appelé tapis GLAOUA les tapis qui en ont fait.
Le tissage dans cette région est exclusivement une œuvre féminine, les grands-mères veillent sur le respect des traditions. La transmission du savoir et de la technique du tissage obéissent à tout un ensemble de croyances mythiques et de pratiques de rituels qui chargent les activités du tissage , du métier et de la laine et où le tapis a une valeur symbolique dotée d’une capacité d ‘agir sur le présent et l’avenir de la tisseuse.
Alors que dans le tapis du Moyen Atlas le graphisme domine, dans le Haut atlas c’est l’aspect pictural(couleur) qui prévaut.Ces tapis sont caractérisés par leurs laines teintes à l’aniline, de coloris extrêmement vif et criard mais qui retiennent l’attention par leur ornementation générale très curieuse. Leur composition non moins originale, leur tissage extrêmement soigné, la qualité tout à fait exceptionnelle de leur haute laine également.
Du point de vue technique, une chaîne des tapis du haut Atlas et entre toutes les chaînes marocaines d’une très grande finesse. Sa solidité n’en est pas moins grande; elle résulte d’une partie de l’emploi exclusif d’une laine à fibres longues triées et parallélisées non par un cadrage mais par un peignage très soigné mais également du retournage en une seule corde de deux fils plus fins eux-mêmes soumis à une torsion raisonnable; la corde ainsi préparée n’a pourtant pas un diamètre supérieur à un millimètre.
Au moment de l’ourdissage et du montage de la chaîne sur le métier, la chaîne conserve un certain écartement. On ne compte pas plus de 40 à 50 cordes au décimètre ce qui prépare 20 à 25 nœuds sur la même distance dans le sens de la largeur du tapis. Très souvent la chaîne est teinte en plusieurs couleurs par zones parallèles et successives de 10 à 30 cm de largeur, en rouge, jaune, bleu vert, orange et noir etc. qui n’influent nullement sur le coloris général du tapis pas plus à l ‘endroit qu’à l’envers puisque la trame les recouvre entièrement. Elles ne sont visibles que dans les franges arrêtant le tapis à l’une de ses extrémités.
La trame n’est pas moins remarquable que la chaîne, quant au point de vue de la finesse qu’à celui de la solidité. C’est ainsi qu’on peut compter de 15 à 28 duites au centimètres linéaires entre 2 rangées consécutives de points noués. Fréquemment aussi, comme la chaîne, elle est teinte en plusieurs couleurs se reflétant, à l’envers du tapis, par des zones transversales diverses de 10 à 50 cm de largeur. Dans certains cas, ces zones sont perceptibles sous la haute laine, même dans des tapis neufs ; elles en modifient alors très agréablement l’aspect.
Le chef inférieur débute par un effet de tresse. Celui-ci est réalisé par le cordelage de deux gros fils, de couleurs différentes, passant alternativement en avant et en arrière de deux cordes contiguës de la chaîne, le cordelage s’effectuant dans un sens à l’aller, dans le sens contraire au retour, d’où l’effet d’une tresse à quatre brins. C’est sur ces solides cordonnets que s’appuie, sans solution de continuité, le tissu toile, à poils ras, qui constitue le chef proprement dit. Comme on l’a déjà dit ce tissu, très tassé, cache entièrement la chaîne sous-jacente. Il forme une bande large de plusieurs centimètres, unie où rayée virgule au gré de l’ouvrière. Quant au chef supérieur, terminal, large de 5 à 10 cm, il est constitué par une bande de tissus non point tramé toile, mais cordelé au moyen de deux fils assez gros, de couleurs différentes, embrassant chacun deux fils de chaîne, non plus superposés exactement comme dans l’effet tressé du début, mais décrochés chaque fois à chaque nouvelle rangée, d’un fil à droite ou à gauche par rapport à la rangée précédente. Le cordelage produit ainsi des effets divers : des zones d’obliques à droite ou à gauche ou à la fois l’oblique à droite ou à gauche ou de zigzag.
Le chef supérieur seul est garni de franges. Celles-ci sont exécutées après la Coupe du tapis et son enlèvement du métier, coupe entraînée libres toutes les cordes non tisées sur près de 50 cm. De longueur, chaque frange est formée par une vingtaine de cordes groupées en trois faisceaux tressés à la main sur les 3/4 de leur longueur, puis noué à quelques distances de leur extrémité.
Comme dans les tapis de Rabat et d’Asie mineure, les moquettes tapis du haut Atlas sont nouées chacune sur deux fichiers de chaînes avec des fils simples beaucoup plus gros et moins retordus que ceux de la chaîne et de la trame. Le point de forme par ces moquettes et loin de couvrir une surface indiquée carrée. Cette surface correspond à un rectangle très allongé environ trois fois plus haut que large. On ne compte, en effet, au décimètre, que 7 à 8 points en hauteur sur 20 pour 25 en largeur. C’est ce qui explique que les moquettes ramenées au carré, subissent une déformation assez considérable, traduite par un raccourcissement virgule au tiers et dont le sens de la hauteur, des motifs réels pointent la coupe de la haute laine assez longue ,10 à 15 millimètres, millimètrespermet aux moquettes de couvrir entièrement le tissu de fin ces moquettes réduit d’autant mieux le tissu au lieu d’être noué perpendiculairement au plan du tapis, ils sont noué obliquement, presque couchés sur ce plan c’est par la suite de l’ usure de la haute laine qu’on aperçoit quelquefois, dans les vieux tapis, le tissu de fond sous les moquettes. Quant à la haute laine, elle est de très belle qualité à brun ondulé, nerveux, brillant, elle ne se feutre jamais, ne s’écrase pas lorsqu’on la foule et conserve, même dans les spécimens les plus anciens, un lustre remarquable .
Comme ceux du moyen Atlas, les éléments ornementaux des tapis du haut-atlas ont un caractère géométrique très accentué, ils sont cependant plus variés, l’élément triangulaire est d’un emploi courant. Composés de réseaux remplissant des zones rectangulaires, des losanges de grandeur variable, des angles souvent opposés par le sommet, des lignes brisées l’élément carré, se désignent presque aussi souvent pour dessiner des réseaux logiques, des losanges, des lignes brisées, des damiers et des chevrons.
Les tapis de fabrication récente, aux laines teintées avec des anilines fugaces, ne donnent aucune idée précise des anciens coloris. Un violet métallique, Un rouge criarde un vert cru, jaune acide, un orangé agressif s’y réunissent au voisinage d’un noir et d’un blanc pur. Lorsque ces tapis ont été exposés à la lumière pendant un certain, la plupart de leurs nuances s’évanouissent comme par enchantement, et se ramènent à des tons pâles et nacrés parfois harmonieux. Dans les anciens procédés de tissage, on constate l’existence de deux harmonies très différentes : d’une part des tapis à fond noir, naturels où teints, qu’égaient des motifs vivement colorés en blanc ou en rouge susceptibles de s’ajouter du bleu virgule du vert et un orange doux. D’autre part, des tapis à dominante rouge chaudron,ou orangé très doux, que font chanter très agréablement des bleus et verts d’indigo, des jaunes d’or et des orangés “henné” aux teintes à la fois chaudes et caressantes.